LE CHÂTEAU DES FRÈRES BROQUIS

Le Château du Grand-Lemps

La terre de Lemps, patrimoine de la baronnie de Bressieux, le restera jusqu’en 1614. En effet, Joffray de Bressieux mourut sans descendance mâle et la terre de Lemps passa à son gendre Aymard de Clermont dont le château se dressait en dessus de Chirens. En 1614, exactement le 14 octobre, la terre fut vendue à Arthur Prunier, seigneur de St-André en Royans, président du Parlement de Grenoble auquel Henri IV avait confié plusieurs missions importantes. Il avait acquis en 1573 la terre de Virieu. Il fut marié à Honorade de Simiane, fille de François, seigneur de la Côte et gouverneur des îles et Château d’If. Arthur et Honorade eurent neuf enfants dont l’aîné, Laurent, lui succéda et le second, Adrien, eut pour héritage la terre de Lemps.  Adrien sera donc la souche de la famille des « Prunier de Lemps ».

En 1700 le village prend sa forme presque actuelle. Il fit construire le château dans une grande propriété et organisa la ville. On peut affirmer sans crainte d’erreur que le village, ou tout au moins les rues sont ce qu’elles étaient aux environs des années 1700. Sans doute y a-t-il eu des modifications de détail mais l’ensemble est resté ce qu’il était. Si la rue principale (par rapport à la « rue de derrière ») est sensiblement plus large, c’est qu’elle servait de grande route reliant d’une part la route royale Lyon-Grenoble du carrefour de la Frette à la route de Bourgoin, Grenoble à Burcin « les quatre routes » d’autre part. À l’époque, compte tenu des moyens de locomotion, cette rue paraissait une large avenue …

Adrien Prunier épousait en 1618 Isabeau Roux de Morges dont il eut, en particulier, Adrien deuxième du nom qui ajouta à son domaine les Terres d’Agnières de Maubourg et la Cluse. Cet Adrien avait épousé en 1665 Marie de Moutcheur ; il fut un vrai seigneur féodal. 

Il aurait voulu restreindre les libertés de Lemps mais les habitants ne l’entendirent pas de cette oreille et il s’ensuivit de longs et touffus procès d’ailleurs non terminés quand il mourut. Avec son fils François, tout changea. Celui-ci fut un seigneur populaire vivant dans son château de Lemps parmi les paysans et fut vraiment juste et bon pour tous, aidé en cela par sa femme, Barbe de la Croix de Chevrière de St-Vallier, nièce du grand archevêque de Québec Mong de St-Vallier. Il eut comme enfants Jean-Baptiste qui sera le dernier seigneur de Lemps, Nicolas François dit le Chevalier de Lemps, qui mourut Maréchal de camp et Louis-Denis chanoine de Saint-Chef.

Evolution du Château du Grand-Lemps

En 1800 le château fut vendu au Seigneur de Virieu

À la mort de François, le château fut presque abandonné car Jean-Baptiste, dit le marquis de Lemps, fut un grand militaire et, de ce fait, se trouva loin du pays, étant tour à tour Capitaine du régiment de Bretagne puis Commandant au régiment du Vivarais et Maréchal de camp (1759). Il avait épousé Anne Armande de Balthasar de la Vincelay, fille unique de Marc Louis Isaac de Balthasar, seigneur de Vincelay, colonel commandant du régiment suisse. De ce mariage, ne naquit, semble-t-il, qu’une fille, Nicole, qui vint de temps à autre à Lemps, se signalant par ses dons aux pauvres et aux églises. Nicole épousa Bertrand de la Pérouse, gentilhomme savoyard, fils du comte de la Pérouse, intimement mêlé aux différents entre le décanat de Savoie et le cardinal de Camus. Nicole n’eut pas d’enfant et mourut jeune le 15 septembre 1799 à 49 ans.

La terre de Lemps et le château furent vendus alors vers 1800 aux seigneurs de Virieu dont le château de Pupetières avait beaucoup souffert pendant la Révolution et était devenu inhabitable.