LE CHÂTEAU LA POYPE

Un premier château dit de « La Poype » fut bâti au XIe siècle surplombant le déversoir du Lac. Il s’agissait d’un ouvrage en bois construit au sommet d’une élévation de terre protégée par un fossé. Cette antique fortification, castel privé d’un petit lignage local ou tour de guet commandant la vallée du Violet, fût certainement contemporaine de la motte castrale qui précéda le donjon de « Château Vieux » bâti à la fin du XIIe siècle.

Le Château de Lemps élève ses ruines sur une coupe naturelle orientée Est Ouest de laquelle, lorsque la végétation a disparu, on peut surveiller une partie de la plaine de Bièvre et la vallée du Violet.

Ce site, bien protégé par des pentes abruptes au Nord et au Sud, plus douce à l’Ouest, se prolongeait à l’Est par une plateforme rectangulaire d’environ 50m sur 15m qui portait des bâtiments sans doute enfermés dans une enceinte fortifiée. Un vaste donjon circulaire de 25m de diamètre, situé au sommet d’un monticule, défendu par un profond fossé en U large d’une vingtaine de mètre et renforcé par un mur extérieur, dominait les lieux. Un point fixe, prolongé par un pont-levis reliait vraisemblablement le donjon aux bâtiments situés sur la plateforme et constituait l’unique accès à la fortification. On peut sans peine, lors d’une petite escapade dominicale, se rendre sur place et découvrir les maigres ruines de ce château, à savoir la base du donjon isolé au centre du fossé et l’empreinte en relief des bâtiments. Il est préférable, pour la découverte du site, d’y accéder par l’Ouest.

S’il ne reste que des ruines, une rude bataille y eu lieu dont les effets furent irrémédiables. En effet, en 1280, la Savoie entra en guerre contre le Dauphiné et déclencha une série d’incursions en terre adverse. En 1286, une puissante armée commandée par Thomas, frère du Comte Philippe de Savoie envahit de nouveau le Dauphiné et se porta à la rencontre des troupes delphinales massées à la Côte St André. Elle rasa entièrement au passage le Château et le village de Lemps, massacrant garnison et une partie de la population. L’armée du Dauphiné vengea les lempsiquois quelques jours plus tard, infligeant aux envahisseurs une cuisante défaite dans la plaine de Bièvre, au cours de laquelle le frère du Comte de Savoie et plusieurs de ses barons périrent. Le Château ne fut jamais reconstruit et les habitants, aidés par les seigneurs de Bressieux, commencèrent la reconstruction du nouveau village.